Résumé : En dehors du recensement de quelques communes telles que Douala, Edéa, Mbalmayo, Yaoundé et Ebolowa, il n'existait avant 1960 aucune opération démographique digne de ce nom. Les recensements administratifs qui étaient réalisés pendant la période coloniale portait sur des couvertures incomplète et variables et ils ne consistaient, le plus souvent, qu'en de simples comptages réalisés dans un but fiscal.
Si ces premières opérations parvenaient à satisfaire les besoins courants en données démographiques par contre elles ne permettaient pas d'étayer des études d'ensemble tant structurelles que prévisionnelles de la population du pays.
Or la nécessité de trouver des solutions adéquates aux problèmes posés par le développement économique et social du pays exigeait une bonne connaissance du volume et de la structure de la population, de même que ses tendances.
Les autorités camerounaises qui avaient vite pris conscience de cet impératif, avaient inscrit une série d'opérations démographiques dans le programme d'enquêtes établi au titre du Recensement Mondial de 1960 recommandé par l'Organisation des Nations Unies.
Faute de crédit ce fut une succession d'enquêtes démographiques par sondage qui furent entreprises de 1960 à 1965 de façon à couvrir progressivement la totalité du territoire. Ce morcellement et l'étalement des opération rendaient les enquêtes inutilisables par le planificateur à cause de trois gros défauts :
1) Menées selon la méthode des sondages probabilistes, elles ne permettent pas de donner une information ponctuelle significative à un niveau fin (arrondissement). Or une telle information est nécessaire au planificateur pour étudier l'implantation des projets.
2) Le deuxième inconvénient est que, faute de crédits, on a pas pu les mettre à jour. Les résultats obtenus ont donc vieilli et ne reflétaient plus la réalité, d'autant plus que l'évolution des structures démographiques et sociales a été très rapide depuis cette époque.
3) Le troisième et dernier gros inconvénient réside dans le fait qu'elles n'ont pas été effectuées à une même époque. Cette période de six ans trop longue pour permettre une comparaison entre les diverses données régionales rend difficile l'agrégation des résultats.
Ces enquêtes régionales avaient trois objectifs :
1) Information démographique : Ces informations permettent le volume de la population et d'en étudier la structure par âge et par sexe ; d'analyser la mortalité, la fécondité et la stérilité des femmes pour en déduire les mouvements naturels de la population ; enfin d'étudier les mouvements migratoires.
2) Information économique sociale : Les renseignements de cette rubrique concernaient particulièrement la fréquentation scolaire, la répartition de la population active par secteur d'activité, le chômage, la structure du petit commerce et de l'artisanat, la structure des familles ou des sarés.
3) Autre informations : Certains résultats des enquêtes devaient permettre la constitution des bases de sondage pour les enquêtes futures, notamment les enquêtes agricoles et les enquêtes budget-consommation.
Il est cependant très difficile de savoir si ces objectifs de base ont été les mêmes pour toutes les opérations. Les rapports des enquêtes ne les explicitent pas ou peu.

Echantillonnage : La nature de la base de la base de sondage a varié suivant l'enquête, et pour une même enquête, suivant la zone à enquêter. On a utilisé deux bases de sondage pour toutes les enquêtes sauf celle du Cameroun Occidental où on en a utilisé trois. La liste des villages est utilisée dans la zone rurale, tandis que dans les zones urbaines, les regroupements, les bourgs et les plantations, on retrouve la liste des quartiers, la liste des concessions, la liste des logements, la liste des sarés ou la liste des chefs de famille.
En ce qui concerne la source, les listes des villages proviennent des recensements administratifs dont certains sont assez anciens. Pour l'enquête du Cameroun Occidental, le recensement datait de 1953. Mais pour deux strates et certaines parties d'autres strates dont les limites avaient changé après 1953, on a utilisé la population imposable de 1963. Les autres listes établies par les agents recenseurs dans la phase préparatoire.
Dans le souci d'avoir des ensembles aussi homogènes que possible, l'univers est stratifié selon des critères qui peuvent varier d'une enquête à l'autre.
- Pour les enquête du Nord, la stratification de la zone rurale s'est faite suivant des critères géographiques, ethniques et agricoles. Les sous-strates de l'enquête Sud-Benoué ont été obtenues par stratification géographique selon les voies de communication.
- L'enquête Centre et Est n'a utilisé que les critères ethniques et agricoles. La strate urbaine a été divisée en quatre sous-strates, non par souci d'homogénéisation mais pour des raisons de commodité ; en effet, le plan de sondage a été fait au fur et à mesure de l'avancement du ''front'' des enquêteurs.
- Pour les enquêtes du littoral et ''Bamilékés'', nous ne disposons pas de façon explicite des critères de stratification, mais compte tenu des raisons de objectifs et de la similitude des domaines, on peut estimer qu'ils sont les mêmes que pour l'enquête Centre et Est.
- L'enquête du Cameroun Occidental est la seule où aient été donnés en détail les critères de stratification (voir la fiche descriptive de l'enquête