Résumé : L'enquête nationale sur les mouvements migratoires est la troisième des enquêtes importantes sur les migrations burkinabè. Elle se situait sans le cadre d'une étude dont les objectifs étaient doubles: d'une part mesurer l'ampleur, la direction, les caractéristiques de la migration voltaïque, et, d'autre part, cerner ses causes et ses effets. Les mouvements étudiés étaient les migrations à l'intérieur de la Haute- Volta (migrations internes) et les migrations entre la Haute-Volta et les autres pays (migrations internationales). De tels objectifs impliquaient plusieurs formes différentes de collecte des données. Quatre types de collecte ont été utilisés : une enquête par sondage auprès de l'échantillon principal, une enquête sur la perception des motifs et des effets de la migration auprès d'un sous-échantlllon, des discussions de groupe et enfin, une étude socio-économique macro-structurelle.
L'opération décrite ici est la seule enquête par sondage, qui avait pour but principal de recueillir les données permettant de mesurer statistiquement le phénomène migratoire. Il s'agissait d'estimer les taux, les volumes et les directions des mouvements migratoires en relation avec les variables socio-démographiques (sexe, âge au moment du déplacement, éducation, religion, ethnie, etc.). De plus, cette enquête visait à cerner le phénomène migratoire sur le plan quantitatif au niveau non seulement national, mais aussi rural et urbain, et même régional.
Il s'agissait donc d'abord de dénombrer les individus appartenant à un ménage, c'est-à-dire la population de base et de déterminer leur statut de résidence (résident habituel, passager, etc.). De plus, l'histoire migratoire de la population résidente était reconstituée afin de réunir tous les détails concernant le nombre de déplacements et les circonstances entourant chacun de ces déplacements.

Echantillonnage : L'échantillon a été constitué différemment en milieu urbain et en milieu rural.
a. Les villes
L'enquête en milieu urbain a été menée dans le centre le plus important de chacun des 11 Organismes Régionaux de Développement (ORD, régions de l'époque). Les résultats obtenus dans ces centres ne sont donc pas extrapolables à l'ensemble du milieu urbain. Le caractère probabiliste de l'échantillon n'aurait pas été une garantie vu l'arbitraire des définitions de l'univers urbain.
L'échantillonnage au niveau de chaque centre est fondé sur la méthode probabiliste et permet donc l'extrapolation pour chacun des 11 centres et pour l'ensemble qui représente une population originalement estimée à 378.500 habitants. L'échantillon a été équilibré par le choix de taux de sondage plus élevés dans les centres moins peuplés de façon à obtenir des données significatives dans chaque centre.
Pour faciliter le travail de terrain, trois modes de tirages ont été utilisés :
- Lorsqu'il existait des plans du cadastre, on a procédé à un tirage systématique de parcelles sans remise. L'unité statistique est ainsi constituée par la parcelle (qui correspond le plus souvent à la concession).
- Dans les quartiers lotis qui ne disposaient pas de plan du cadastre, les enquêteurs ont établi la liste des concessions et procédé â un tirage systématique sans remise.
- Dans les quartiers non lotis de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, on a procédé à un tirage à deux degrés :
- au premier degré, tirage avec remise de quartiers proportionnellement à la population des quartiers ;
- au deuxième degré, tirage équiprobable sans remise de concessions avec un taux de sondage inversement proportionnel à la population du quartier tiré.
A Ouagadougou, sur 15 Quartiers (54.290 habitants), quatre quartiers ont été tirés avec un taux de sondage au 2ème degré tel que le taux final soit de 1/13ème. À Bobo-Dioulasso, sur 5 quartiers (16.176 habitants), deux quartiers ont été tirés avec un taux de sondage au 2ème degré tel que le taux final soit l/10ème (en espérance mathématique : 810 personnes dans chaque quartier tiré).
Le taux de sondage est ainsi uniforme à l'intérieur de chacune des 11 villes échantillonnées, bien que la méthode de sondage puisse varier d'un quartier à l'autre.
b. Le milieu rural
L'univers étudié est cette fois parfaitement défini: l'ensemble de la Haute-Volta, exceptés les 11 centres de l'échantillon urbain. L'univers a été scindé en deux parties à peu près égales : d'un côté la partie étudiée par l'ORSTOM en 1972-1973 qui recouvre le plateau Mossi, de l'autre le reste de la Haute-Volta. La partie Mossi qui est un réservoir d'émigrants a été enquêtée avec un taux de sondage deux fois plus faible afin d'équilibrer l'échantillon et d'obtenir des données suffisamment significatives sur la partie qui n'avait pas été étudiée par l'enquête ORSTOM.
La méthode de sondage choisie est la même dans les deux univers. Seul le taux de sondage varie. Pour le sondage, on a utilisé comme unités de sondage les "districts" du recensement de 1975 alors en cours de préparation. Les districts ont été classés par département et par sous-préfecture à l'intérieur du département pour chacun des deux univers. A partir de cette liste on a procédé au tirage systématique (équiprobable) de grappes, indépendamment dans les deux univers. Ainsi 13 grappes (districts) ont été tirées dans l'univers non Mossi (taux de sondage l/55ème) et 7 grappes dans l'univers Mossi (taux de sondage l/133ème).
L'échantillon total enquêté est de 107.700 personnes, dont 61.000 en zones rurales et 47.700 en zones urbaines.