Résumé : C'est en 1964 que le gouvernement centrafricain a décidé d'effectuer une opération de "Recensement Instantané". Elle avait pour but de permettre au gouvernement de connaître rapidement le chiffre global de la population résidant sur le territoire de la République Centrafricaine et dans les différentes circonscriptions administratives. Il devait être effectué en une seule journée.
Cette opération a été réalisée avec la distribution à la population de cartons de couleur différente suivant le sexe et la catégorie d'âge (bleu pour les hommes, rouge pour les femmes, jaune pour les garçons, blanc pour les filles). Un stock de cartons de recensement a été envoyé par le Ministère de l'Intérieur à toutes les préfectures, qui les ont réparties proportionnellement à l'importance de leur population entre les sous-préfectures, puis entre les communes rurales puis dans les villages.
Un jour donné, il a été procédé au ramassage de ces cartons qui ont été rassemblés puis dépouillés à l'échelon national. Il était précisé que l'on devait dans chaque village réunir les cartons de toutes les personnes (hommes, femmes, garçons, filles) ayant passé le nuit dans le village (même si ce carton leur avait été distribuée dans un autre village), que ces personnes soient des habitants habituels du village (résidents) ou des gens de passage (visiteurs). Les cartons étaient rassemblés dans quatre paniers, un par couleur de carton. Puis les paniers étaient successivement rassemblés aux échelons administratifs supérieurs, jusqu'aux préfectures où il était procédé au comptage des cartons par catégorie et par commune et par sous-préfecture.
Cette opération semble avoir souffert des défauts suivants :
1) L'opération a été lancée trop vite, notamment sans aucune préparation de l'échelon communal.
2) Aucun contrôle n'a été établi dans les villages. Dans certains cas, le recensement a eu lieu dans le centre da la commune sans distribution de cartons (estimation par le Maire et quelques notables). Dans d'autres, vente de cartons…
3) Certaines personnes en déplacement ont été prises en compte deux fois.
4) Les catégories de population n'ont pas été définies, en particulier les limites concernant l'âge des garçons et des filles n'ont jamais été fixées, d'où l'impossibilité de tenir compte des résultats pour ces groupes.
5) La récapitulation effectuée au Ministère de l'Intérieur semble avoir manqué de rigueur : sous-totaux comptés plusieurs fois (tous les centres urbains), erreurs d'addition, majoration pour tenir compte d'une soi-disant population flottante… A tel point que les données numériques fournies directement par les sous-préfets (avec réticence du fait que beaucoup estimaient que le recensement n'était pas valable) faisaient apparaître une surestimation de l'ordre de 30 à 150 % selon les cas.
Cette opération a été à nouveau effectuée selon les mêmes modalités qu'en 1965 (c'est-à-dire avec distribution d'un carton) en 1968 (entre avril et novembre) et a fourni une population totale de 2.255.536 habitants. Le taux d'accroissement constaté entre 1965 (2.008.000 habitants) et 1968 (4 % par an) semble invraisemblable.
La réalisation de ces deux recensements est surprenante, car dans le même temps, le Ministère de l'Intérieur continuait de réaliser les opérations traditionnelles de recensement administratif.

Echantillonnage : Sans objet, opération exhaustive