Résumé : Cette étude constituait la septième étude régionale après celles de Bouaké, Man, Korhogo, Odienné-Séguéla, Daloa-Gagnoa et Sud-est. Un programme et une méthode communs avaient été élaborés pour ces études à partir de l'expérience-pilote de Bouaké. Les méthodes d'enquêtes utilisées dans les zones rurales ne pouvaient évidemment pas être transposées dans le milieu urbain que constitue Abidjan. Cependant, les objectifs poursuivis restaient les mêmes, à savoir répondre à deux besoins :
1°) Donner une description précise de la situation démographique, économique et sociale d'Abidjan en 1963.
2°) A partir de cette situation, dégager les principales tendances d'évolution et permettre d'établir des perspectives de développement de la ville et de sa région, à moyen et à long termes.
Le travail était organise en deux étapes : la première s'occupe de l'analyse préalable de la situation en 1963-1964, la seconde s'attache à cerner les perspectives démographiques et socio-économiques de la ville jusqu'en 1975 puis en tire les conséquences avant de proposer aux autorités des programmes d'action. Les informations recueillies portent sur la démographie, les revenus et la consommation des habitants, de même que sur l'habitat, la circulation des personnes et l'emploi ; les structures et les transformations sociales, les mouvements migratoires l'occupation de l'espace dans les quartiers où prolifère l'habitat spontané ; la structure socio-économique des populations et la répartition du sol. Tous ces travaux sont complétés par un inventaire systématique et une étude de l'état foncier des terrains autour d'Abidjan, par leur analyse géologique et géomorphologique et par une estimation des coûts d'équipements des zones ainsi répertoriées.
Les enquêtes ont été étalées sur un an et comprenaient :
- une enquête démographique principale R, de type "recensement" avec un questionnaire de type "feuille de ménage", qui constituerait en outre un fichier de ménages où seraient puisés les échantillons des autres enquêtes
- quatre enquêtes démographiques complémentaires portant sur les mouvements naturels et migratoires (E1 à E4) réalisées dans les strates B à F (à l'exclusion de A) et réparties sur un an (E1 étant réalisée en même temps que R)
- une enquête de contrôle de type recensement, menée exactement un an après la première, R2
- une enquête "budget-consommation", en six vagues réparties sur un an, B1 à B6
- une enquête habitat H
- une enquête circulaire C.
L'enquête R et plus tard l'enquête R2 devaient permettre d'évaluer le taux d'accroissement de la population et les changements structurels depuis 1955. Cependant, ces deux enquêtes étaient limitées pour appréhender la part du mouvement naturel et du mouvement migratoire, mais aussi pour savoir si le mouvement migratoire connaissait des variations saisonnières, et si oui, quelles en étaient les causes ? On a donc complété les enquêtes R et R2 par une observation continue de l'évolution démographique sous la forme de trois enquêtes régulièrement réparties sur une année et spécialement adaptées à l'étude des mouvements migratoire et naturel, où l'on interrogea des ménages déjà vus lors de l'enquête R. La méthode utilisée a consisté à visiter de trois mois en trois mois des ménages recensés lors de l'enquête R, les recenser à nouveau, et noter personne par personne (éventuellement, pour le ménage si le mouvement avait concerné l'ensemble des ménages), les mouvements survenus dans l'intervalle, avec leur cause, leur date, leur durée, indépendamment des questions sur l'emploi et la natalité.
L'enquête a été réalisée par 40 enquêteurs de niveau légèrement supérieur au certificat d'étude. Pour la strate A , furent en outre recrutées et formées quatre enquêtrices africaines et européennes.
Cette étude socio-économique d'Abidjan a donné lieu à la publication des rapports suivants :
Rapport n° 1, Note préliminaire
Rapport n° 2, T.1. Méthodologie des enquêtes et T.2. Annexes
Rapport n° 3, Etat de la population en 1963, T.1. Tableaux statistiques et T.2. Analyse des résultats
Rapport n° 3bis, Etat de la population en 1964, T.1. Tableaux statistiques et T. 2. Analyse des résultats
Rapport n° 4, L'habitat en 1963
Rapport n° 5, Perspectives d'emploi
Rapport n° 6, Structures et transformations des groupements domestiques (réalisé par le CASHA)
Rapport n° 7, La concession urbaine, écologie et rapports sociaux, problèmes fonciers et immobiliers ( réalisé par le CASHA)
Rapport n° 8, Les perspectives démographiques 1970-1975
Rapport n° 9, Les immigrants temporaires (réalisé par le CASHA)
Rapport n° 10, Les déplacements quotidiens en 1963
Rapport n° 11, Les équipements collectifs en 1964
Rapport n° 12, L'espace social : relations sociales et concentrations ethniques (réalisé par le CASHA)
Rapport n° 13, L'espace social, perception de l'espace et images de la ville (réalisé par la CASHA)
Rapport n° 14, Hypothèses d'urbanisation
Rapport n° 15, L'habitat moderne (réalisé par le CASHA)
Rapport n° 16, Structures familiales et habitat â Abidjan-nord - Hypothèses et orientations de recherches (réalisé par le CASHA)
Rapport n°17 : Synthèse

Echantillonnage : L'élaboration du plan de sondage de l'enquête démographique principale, appelée R (car de type recensement), a été l'occasion d'un travail fondamental pour l'ensemble du programme d'enquêtes : le découpage de la ville en strates et secteurs. A défaut de tout fichier de logements, la ville a été découpée en secteurs sur la base d'une stratification adaptée aux différents types d'habitat et à leur mode de groupement. On a ainsi retenu cinq strates constituées chacune d'un certain nombre de secteurs, obtenus par croisement des strates avec les subdivisions géographiques traditionnelles d'Abidjan : Agban, Attiékoubé, Adjamé, le Plateau, Cocody, Treichville, les zones industrielles et Koummassi. Cette décomposition aboutit à la définition de 49 secteurs d'un seul tenant géographique, avec pour chaque strate une unité de sondage (US) adaptée :
- Strate A : habitat de type moderne, en immeubles ou villas (17 secteurs ; US = logement)
- Strate B : habitat collectif amélioré (10 secteurs ; US = logement)
- Strate C : habitat en ilôts réguliers de concessions3 secteurs ; US = îlot)
- Strate D : habitat en parcelles loties 11 secteurs ; US = parcelle de lotissement)
- Strate E : habitat traditionnel sur terrain non lotis (8 secteurs ; US = cour, soit l'ensemble des logements donnant sur une même cour et constituant en général un espace clos avec une seule entrée principale).
On se proposait de recenser la population d'Abidjan par sondage aréolaire au 1/5 pour la population africaine (Strates B, C, D et E) et au 1/10 pour la population non-africaine (Strate A). La différence du taux choisi pour la strate A (1/10) et les autres strates (1/5) s'explique par le fait que la quasi-totalité de la population africaine dont l'étude était le but principal de l'enquête, appartenait aux strates B, C, D et E, la strate A étant essentiellement non africaine. Les 10.800 questionnaires remplis lors de l'enquête R ont constitué un fichier de ménages représentatifs de la population d'Abidjan au 15 mars 1964, fichier dans lequel ont été puisés les échantillons des différentes enquêtes qui ont suivi. Toutes les autres enquêtes étant effectuées sur des sous-échantillons de l'enquête R, il importait d'avoir des unités de sondage faciles à identifier sur le terrain. Il fallait, par ailleurs, prévoir pour l'enquête R2 une mise à jour rapide et systématique du plan de sondage.
L'enquête R a porté sur 8.209 ménages, E sur 3.251, et l'enquête démographique complémentaire R2 a été effectuée au 1/15 dans les strates d'habitat africain.