Résumé : La République Gabonaise, ancien territoire de l'Afrique Équatoriale Française, a un passé historique lourd de conséquence sur l'évolution de sa population pendant tout le XXème siècle. Au fil des années de la colonisation, le constat de dépeuplement va se généraliser de plus en plus, au point qu'il est envisagé en 1946 la création d'une réserve humaine pour arrêter cette régression et relancer la natalité. Les causes essentielles et souvent lointaines dans le temps de ce dépeuplement, sont la traite, les épidémies, les maladies endémiques, les maladies sexuellement transmissibles, mais aussi des famines, une malnutrition générale et depuis toujours la forêt équatoriale et son climat. Les efforts des Services de Santé dans leur lutte contre les principales endémies ont permis d'effacer progressivement la fatalité et de redonner espoir.
Le recensement de la population de 1960-1961 est le tout premier du genre réalisé au Gabon. Certes, l'administration avait souvent procédé à des décomptes de la population, mais ces décomptes étaient surtout effectués dans un but fiscal. Par ailleurs, ces décomptes étaient réalisés suivant des procédés et à des époques différentes d'une région à l'autre, ce qui entravait la mise à la disposition des renseignements d'ensemble indispensables au gouvernement pour mener à bien sa politique de développement économique et social.
Lors de ce recensement, réalisé avec le concours de l'INSEE (France), toutes les personnes n'ont probablement pas été recensées. C'était la première opération démographique de type moderne entreprise au GABON. Les populations n'y étaient pas habituées et ont éprouvé une certaine crainte dans la mesure où le pays, sortant juste de la période coloniale, avait besoin de main-d'oeuvre pour la construction nationale. Les populations pensaient tout de suite à l'enrôlement obligatoire dans l'armée ou encore au recrutement intensif de main-d'œuvre pour les "travaux forcés", très fréquents pendant la période coloniale et encore présents dans l'esprit des masses. Les habitants, notamment ceux des zones les plus reculées, se cachaient dans la forêt afin de se soustraire à la vue des agents recenseurs assimilés volontiers à des agents recruteurs.
Par ailleurs, le problème des communications entre villages, voire même entre la capitale et les principaux centres de l'intérieur, se posait avec acuité, créant ainsi un retard dans la circulation et l'approvisionnement des équipes en documents et autres matériels de travail.
Ce recensement exhaustif comportait les questions classiques sur l'état des personnes (sexe, âge, ethnie, état matrimonial, profession, etc.) et leur groupement en ménages et concessions. Comme pour la plupart des opérations démographiques menée dans les années 1960, les résultats font apparaître certaines anomalies, notamment une répartition par âge avec de nombreuses irrégularités. Néanmoins, ces résultats (en l'absence d'une enquête post-censitaire de contrôle) semblent revêtir une certaine fiabilité car des procédures de contrôle assez strictes avaient été mises en oeuvre (listes de contrôle, cahiers de village, cahiers de contrôle, bordereaux récapitulatifs, dépouillements partiels immédiats, etc.). Les erreurs de dénombrement (doubles comptes, mais surtout omissions) n'ont tout de même pas dû être négligeables. C'est ainsi que l'effectif recensé, 448 564 habitants (soit 427 353 gabonais et 21 211 étrangers) a par la suite été estimé plutôt à 507 000 habitants au 1er janvier 1960, la correction portant sur l'effectif des gabonais porté à 486 000 (soit une sous-estimation de 12%).
Ce recensement était accompagné, pour la population africaine seulement, d'une enquête par sondage réalisée aussi en 1960-1961 et qui constitue une opération différente, décrite par ailleurs.
Pour l'accès à des informations détaillées, suivre le lien suivant : http://catalog.ihsn.org/index.php/catalog/34

Echantillonnage : Sans objet - opération exhaustive