Résumé : Avant ce premier recensement général de la population, la recherche
démographique en Mauritanie était encore à un stade embryonnaire dans la mesure où,
outre les recensements des centres urbains en 1961-1962, les seules données de population
disponibles étaient fournies par l'enquête démographique en milieu rural de 1965-1966,
dont les résultats étaient caducs du fait des mouvements de population des années 1970,
accentués par la sécheresse.
Le recensement général de la population de 1976-1977 est donc la première investigation
démographique exhaustive au niveau national qui s'inscrit dans le cadre du programme
africain de recensement. Il a permis de faire l'inventaire cartographique des villages, ce qui
constitue une base de sondage pour les enquêtes futures. Les résultats sont riches
d'enseignement en ce qui concerne la redistribution de la population consécutive à la
sécheresse, mais pour cette même cause difficilement extrapolables. Ce recensement n'a
pas pris en compte les données portant sur l'habitat.
Suite à l'impossibilité de recenser exhaustivement les nomades pour des raisons à la fois de
coût et de contrôle de cette exhaustivité, il a été décidé d'effectuer un recensement
exhaustif des sédentaires parallèlement à une enquête par sondage auprès des nomades.
L'importance relative de cette dernière catégorie ayant beaucoup diminué, cette option était
moins dommageable. En effet, en douze ans (soit de 1965 à 1977), un nomade sur deux
s'était sédentarisé de telle sorte que la population mauritanienne en 1977 était en majorité
sédentaire (les 2/3 de la population totale du pays).
La population sédentaire était constituée par l'ensemble des ménages séjournant la majeure
partie de l'année dans un village, un village étant défini comme étant un lieu de peuplement
où il existe au moins une habitation inamovible (maison en pierre, case en banco, hutte
fixe). La population nomade était composée par l'ensemble des ménages séjournant dans un
campement la majeure partie de l'année, un campement étant défini comme étant tout lieu
habité ne comprenant que des habitations amovibles (tentes ou huttes mobiles).
On a distingué parmi les sédentaires, ceux qui résidaient en milieu urbain et ceux qui
résidaient en milieu rural ; quant aux nomades, ils ont tous été classés ipso-facto en milieu
rural.
Il s'est avéré impossible de réaliser simultanément les deux opérations pour des raisons
d'insuffisance d'encadrement et de véhicules. Le recensement des sédentaires a été fixé
pendant les vacances de fin d'année pour utiliser le personnel scolaire ; l'enquête nomade,
quant à elle, s'est effectuée ensuite avec un personnel spécifique.
L'enquête nomade nécessitant, pour des questions de redressement d'échantillon, de
disposer d'une population de droit, les nomades rencontrés en milieu sédentaire au cours du
recensement n'ont pas été comptés. Par contre, le recensement des sédentaires se faisant
sur une population de fait, les personnes absentes du ménage et parties en campements ont
été comptées puisqu'elles ne seront pas enquêtées dans l'enquête nomade. La population
totale n'est donc ni une population de fait ni une population de droit. Cette ambiguïté est la
contrepartie de l'amélioration procurée par la méthodologie de dénombrement des nomades
sur celle de 1965-1966.
Il convient enfin de souligner que le questionnaire de base utilisé pour le recensement de la
population sédentaire diffère de celui qui a été administré aux nomades. Pour cette dernière
catégorie de la population (estimée par sondage), certaines informations ont été recueillies
au niveau du ménage et non au niveau individuel.

Echantillonnage : Il a été convenu de distinguer la population sédentaire et la population
nomade. Pour ce qui concerne le recensement en milieu sédentaire, il s'agissait d'une
opération exhaustive. Par contre, il s'agissait d'une enquête par sondage en milieu nomade.
La base de sondage utilisée était constituée non pas des répertoires des collectivités, mais
des listes des membres de chaque collectivité. Ces listes établies avec les responsables de
chaque collectivité étaient incomplètes, surtout pour l'énumération des femmes et enfants,
et même pour les hommes adultes. On a eu recours à une méthode consistant à réaliser un
échantillonnage indirect de campements, par tirage de personnes sur les listes, recherche de
ces personnes et enquête, une fois ces personnes retrouvées, de l'ensemble de campements
où elles résident. Les campements constituent ainsi des grappes intégralement sondées. Les
personnes constituant l'univers de sondage tirées sur les listes de collectivités ont été
choisies parmi les seuls hommes adultes (plus de 20 ans) déclarés par les représentants de
chaque collectivité comme nomades et résidents en Mauritanie. Il leur a été donné
l'appellation de "personnes-pilotes" qui rappelle de façon imagée leur fonction dans
l'enquête : "piloter" l'enquête jusqu'au campement auquel elles appartiennent.
L'échantillonnage proprement dit a été réalisé de façon indépendante dans chaque
département sur les listes constituées pour les collectivités rattachées administrativement à
ce département. Au niveau de chaque département, un tirage aléatoire simple avec remise a
été utilisé. Les taux de sondage initiaux, sur les personnes-pilotes ont été modulés selon les
départements. En effet, à partir du moment où il était acquis pour des raisons logistiques,
de disposer d'une équipe d'enquête dans chaque département, il devenait absurde de choisir
un taux de sondage uniforme qui aurait conduit à une charge de travail insuffisante dans les
départements où le nombre des nomades administrativement rattachés était faible. On a
donc choisi d'imposer un minimum, exprimé en effectif absolu, de l'échantillon
départemental de personnes-pilotes ainsi qu'un maximum fixé en fonction des possibilités
réalistes d'enquête dans le délai imparti. Entre ce minimum et ce maximum, la taille de
l'échantillon était modulée selon l'effectif de l'univers de sondage. Dans ces conditions, les
taux de sondage initiaux variaient entre 2 et 7 %, avec une moyenne de l'ordre de 3 %.
Compte tenu de l'effet de grappe, ces taux étaient estimés devoir conduire à un échantillon
final de l'ordre de 8 à 9 % des campements et de 10 à 12 % de la population nomade.