Résumé : Le projet d'enquête démographique nationale a été conçu très tôt, comme un des objectifs prioritaires du troisième plan de développement quadriennal 1969-72. Prioritaire parce que la seule enquête démographique nationale entreprise au Sénégal datait alors de 1960-1961 et que le besoin de mettre à jour les données recueillies alors, devenait pressant. L'enquête démographique prévue pour 1970-1971 devait s'inscrire dans la cadre du "recensement mondial de la population 1970" recommandé par les Nations Unies. Un premier projet prévoyait une enquête rétrospective dont la méthodologie aurait été très voisine de celle de l'enquête de 1960-1961. Mais en 1969, il fut décidé de modifier profondément la méthodologie de l'enquête et de réaliser plutôt une enquête à 4 passages de 4 mois chacun.
Les raisons de ce choix viennent de ce que les enquêtes rétrospectives classiques ne fournissaient pas de données satisfaisantes sur les mouvements de population (naissances, décès et mouvements migratoires) ; même en ce qui concerne les structures, on avait pu constater de nombreuses insuffisances dues à une certaine méfiance de l'enquêté d'une part et aussi à une mauvaise connaissance de certaines caractéristiques, notamment l'âge. C'est ainsi que les taux de natalité, de mortalité et de fécondité ont été sous-estimés de façon systématique dans toutes les enquêtes rétrospectives classiques effectuées en Afrique dans les années 1960. C'est probablement pour cette raison aussi que les pyramides africaines avaient le profil heurté qui a fait à l'époque l'objet de tant d'hypothèses.
Le premier passage devait toutefois se présenter sous la forme d'une enquête rétrospective classique en ce sens qu'on aurait enregistré non seulement la structure du ménage au moment du passage, mais aussi les naissances et les décès survenus dans le ménage au cours des douze derniers mois. Ce premier passage aurait permis aux enquêteurs de se familiariser avec le terrain et ainsi de pouvoir améliorer les données recueillies lors des passages suivants.
Au 2ème passage, les enquêteurs devaient attacher un soin particulier à recueillir l'information relative aux mouvements de population. Le troisième passage devait permettre de remplir un questionnaire socioéconomique et le quatrième un questionnaire habitat.
Dans les prévisions initiales, il était même envisagé d'effectuer 3 passages supplémentaires afin de disposer d'informations sur deux années complètes.
La méthode des enquêtes à passages répétés en donnant à l'enquêteur l'occasion de visiter plusieurs fois chaque ménage de l'échantillon permet de créer un climat de confiance favorable à une amélioration sensible des enregistrements ; on peut notamment essayer d'améliorer l'âge. Mais l'avantage décisif de ce type d'enquête réside dans la qualité des enregistrements relatifs aux mouvements tant naturels que migratoires.
Il est certain qu'en visitant l'échantillon pendant deux années successives, on aurait disposé d'une information fort riche pour l'analyse de l'accroissement de la population. Pourtant de nouvelles modifications, plus secondaires celles-là, furent apportées à l'enquête afin de tenir compte de certaines contraintes et caractéristiques locales qui n'avaient pas été clairement perçues dès le départ (limitation des moyens disponibles, procédures de financement, difficultés du terrain). On a, en fin de compte, opté pour 3 passages de six mois sur un échantillon de 150 000 personnes. Faute de financement, les deux passages supplémentaires envisagés n'ont pas été réalisés.
Cinq questionnaires ont été utilisés. Le questionnaire démographique de base (questionnaire ménage), destiné à saisir au premier passage les principales données de structure et les renseignements rétrospectifs (naissances vivantes et décès survenus dans le ménage au cours des douze derniers mois). Les passages suivants se limitaient à enregistrer sur ce questionnaire les mouvements de population (naissance, décès, immigration, émigration).
De plus, ont été utilisés un questionnaire femme (rempli lors du premier passage) destiné aux femmes de 13 ans et plus, un questionnaire socioéconomique (rempli au deuxième passage), un questionnaire habitat (rempli au troisième passage) et un questionnaire migrations (rempli pour les visiteurs au troisième passage).

Echantillonnage : La base de sondage a été constituée de la façon suivante :
- pour les villages, on a utilisé le dernier recensement administratif disponible au Ministère des Finances et des Affaires Economiques, qui a été complété ;
- pour les communes, on a retenu le dernier chiffre de population disponible ; lorsque, pour certaines communes, il n'y avait pas de chiffres de population disponible, un dénombrement rapide par sondage a été réalisé.
L'univers (la population du Sénégal) a été stratifié en 7 strates géographiques correspondant aux 7 régions administratives, chacune d'elles étant découpée en 3 strates :
- une strate rurale constituée par les villages de moins de 1 000 habitants,
- une strate semi-urbaine constituée par les gros villages et les petites villes de 1 000 à 9 999 habitants,
- une strate urbaine constituée par le "Grand-Dakar" et les 12 communes de 10 000 habitants et plus (Bignona, Kolda, Ziguinchor, Diourbel, Louga, M'backe, Saint-Louis, Tambacounda, M'bour, Thies, Tivaouane, Mekhe).
En utilisant au mieux la documentation cartographique existante, on a décomposé le Sénégal en grappes représentant les unités primaires de sondage, constituées par des grappes aréolaires de villages ou autres districts d'enquête d'environ 500 habitants, afin de réduire les déplacements et partant de gagner du temps et d'effectuer l'enquête à un moindre coût.
Le tirage des unités primaires a été fait dans chaque région et dans chaque strate proportionnellement à la population de l'unité ou du village. Le taux de sondage a été en moyenne de 1/23ème, et a varié de 1/14ème à 1/32ème selon les régions et les sous-strates (urbaine, semi-urbaine ou rurale).