Résumé : Après les premiers recensements urbains réalisés à Dakar, et à Abidjan, la nécessité d'obtenir les données démographiques fondamentales qui, jusqu'ici, faisaient totalement défaut sur les milieux ruraux, a conduit à réaliser des études par sondage en Côte d'Ivoire, dans la subdivision de Bongouanou d'une part, en Guinée d'autre part. Si l'objectif de ces études était multiple en Côte d'Ivoire, tant social qu'économique, il était strictement démographique pour la Guinée.
L'étude démographique par sondage réalisée en Guinée française en 1955 se situe dans le cadre des efforts déployés par le Service des Statistiques en vue de remédier à la carence des données relatives à la population autochtone des territoires d'Outre-Mer français. Cette opération revêt un caractère d'expérience pilote. C'est la première des enquêtes démographiques par sondage réalisées par l'INSEE en Afrique francophone au Sud du Sahara. Ses objectifs étaient multiples :
- tout d'abord obtenir une documentation nouvelle et précise sur l'ensemble de la population d'un territoire d'Outre-Mer ;
- initier un noyau de personnel européen à la conduite de semblables opérations dont la réalisation dans les autres territoires était éminemment souhaitable ;
- assurer la formation d'agents recenseurs autochtones qui seraient aptes à effectuer sur le même territoire d'autres investigations moyennant un complément d'instruction ;
- forger enfin une doctrine méthodologique qui faciliterait en cette matière la réalisation d'enquêtes similaires dans d'autres territoires.
L'objet de l'enquête était donc, non seulement de déterminer l'état de la population c'est-à-dire d'étudier ses répartitions suivant les critères classiques, sexe, âge, état matrimonial, groupe ethnique, profession, etc. mais surtout, grâce aux questions posées aux femmes sur les naissances vivantes dans les douze derniers mois et l'enregistrement des décès survenus en cours de la même période, de déterminer des taux de natalité, de fécondité, de mortalité, et par différence, d'établir un taux d'accroissement de la population.

Echantillonnage : Le territoire a été divisé en 4 secteurs (strates) homogènes du point de vue ethnique et mode de vie. Ce sont la Basse Guinée (populations côtières), le Fouta Djalon (population Foula), la Haute Guinée (population Malinké) et la Guinée forestière (populations refoulées). De plus, une strate urbaine a été constituée avec l'ensemble des centres urbains (23 centres).
En milieu rural, la base de sondage est constituée par la liste des villages "administratifs" comportant pour chacun d'eux l'ethnie dominante ainsi que le chiffre de la population (totale et imposable) au dernier recensement. En ce qui concerne la Guinée Maritime et le Fouta Djalon, la base fut même établie au niveau des hameaux constituant les différents villages administratifs, car l'habitat extrêmement dispersé dans ces régions imposait la considération du hameau et non plus du village comme unité élémentaire de sondage.
Selon le secteur, ila été tiré au hasard un certain nombre de villages (Haute Guinée et Guinée forestière) ou de hameaux (Fouta Djalon et Basse Guinée), selon des modalités de tirage variables. La fraction de sondage utilisée ne fut pas la même suivant l'importance et l'homogénéité de la catégorie considérée : 8% de la population des hameaux et 10% de la population des villages furet enquêtées.
Pour la strate urbaine, différents modes de tirage furent aussi utilisés (tirage sur listes, tirage topographique). Au total, la fraction de sondage dans cette strate est voisine de 25%.
La gamme des procédures de tirage qui furent appliquées dans l'enquête est grande, mais toutes présentaient le caractère probabiliste requis d'une part et d'autre part, pas une seule des unités choisies ne fut remplacée par une autre plus facile à atteindre. Il faut rappeler que cette enquête était la première du genre en Afrique francophone au sud du Sahara, et que cet éventail de techniques était lié à la volonté des responsables de "tester" diverses méthodes.
Pour une population totale de 2 millions et demi d'habitants, le sondage a porté sur environ trois cent mille personnes qui ont été recensées individuellement.